Aujourd’hui, il existe de nombreuses données issues des parcours de formation. Elles permettent de mieux connaître son parcours d’apprentissage et ainsi mieux environner les apprenants dans leurs formations. Dans le futur ces données et bien d’autres alimenteront une IA qui fera considérablement évoluer le métier de formateur. Êtes-vous prêt ?
Avant toutes choses, définissons
l’intelligence artificielle dont nous parlons. Il s’agit d’une IA forte, c’est-à-dire capable de produire des réflexions, de comprendre un contexte et de
développer ses propres raisonnements. Cette
IA interviendra à chaque étape du processus d’apprentissage.
L’IA et le
développement des dispositifs de formation
Rationaliser le développement des parcours de formation est un enjeu important pour les entreprises. Selon la HCM Technology study de la Brandon Hall Group, 18 % des organisations, à l’échelle mondiale, se sont lancées dans l’automatisation du développement des parcours. L’IA permettra d’aller beaucoup plus loin dans l’automatisation.
Nous pouvons imaginer que demain, l’IA saura :
- nous aider à mieux comprendre la demande d’un commanditaire (analyse textuelle du cahier des charges, par exemple) ;
- repérer les occurrences d’un contenu de formation disséminé dans différents objets d’apprentissage, et aider à normaliser ce dernier en repérant la version la plus performante ;
- capter le contenu d’un expert et le « pédagogiser » sans intervention humaine.
L’IA et l’amélioration continue des parcours de
formation
Les nombreuses données collectées dans les plateformes fournissent,
pour certaines, déjà de précieuses informations aux formateurs. Ils peuvent
ainsi davantage jouer un rôle d’e-coach qui soutient l’apprentissage dans la
durée (verbalisation des acquis, renforcement des grains d’apprentissage utiles individuellement, encouragements pour soutenir
l’effort…).
L’IA permettra d’avoir une lecture encore plus fine des comportements des apprenants, facilitant le repérage des actions/phases à haute valeur ajoutée et à l’inverse les moments clés de décrochage.
Les 6 attributions possibles d’un assistant que l’on nommera AITA (Artificial Intelligence Teaching Assistant) :
- Suivre en détail les progrès des apprenants au fur et à mesure de l’évolution de l’apprentissage et de l’enseignement. Le changement le plus puissant qu’elle apporte est sans doute le bannissement des tests et des examens, puisque l’évaluation se fera en continue.
- Adapter les modalités en fonction des moments de la journée, selon la chronobiologie. En captant certains signaux vitaux des apprenants, l’AITA alerterait les formateurs, et suggérerait des changements de rythmes en cas de baisse de vigilance ou de moments de fatigue.
- Créer les groupes d’apprenants/formateurs les plus appropriés, sur la base d’une connaissance fine du profil et des caractéristiques de chacun et selon les préférences d’apprentissage.
- Suggérer la méthode d’apprentissage la mieux adaptée au sujet et aux motivations individuelles. Aider les élèves qui ont besoin d’aide supplémentaire, par exemple en leur offrant du tutorat, en préparant et en mettant en œuvre des programmes de rattrapage, par exemple dans le monde de l’éducation.
- Dégager les formateurs de tâches répétitives afin de les aider à se repositionner en actions d’accompagnement sur des tâches complexes.
- Tenir à jour des dossiers d’élèves complets et corrects.
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Les membres du Cluster innovation by Cegos expriment aussi l’intérêt de ces learning companions : “Dégager les éducateurs de tâches répétitives afin de les aider à se repositionner en actions d’accompagnement sur des tâches complexes. L’AITA proposerait des challenges pour stimuler l’engagement. Ce serait un coach, qui apprendrait ce qu’on aime/n’aime pas en le captant sur les réseaux sociaux, un mentor, un tuteur qui questionne et répond et apporte des grains d’apprentissage. Il apporterait du feedback positif qui récompense et fournirait l’accès à ce qui intéresse dans les contenus et à des ressources fiables.”.
Si
certains terrains de jeu comme l’adaptive learning sont déjà ouverts, par
exemple avec Domoscio.
D’autres, tels que les Learning Companions ou les Teaching Assistants sont
encore embryonnaires, mais avec une accélération probablement très forte dans les années qui viennent. Le potentiel est énorme, mais ne doit pas
occulter les risques associés à la mise en œuvre de ces solutions.
L’IA
à la place des formateurs ?
C’est une peur fréquente quand on parle d’I.A. Mais qui n’a pas sa place. Dans leur article A.I. Is the New Teaching Assistant in the Classroom, Rose Luckin and Wayne Holmes décrivent une situation dans laquelle les professeurs/élèves/parents vivent et travaillent aux côtés de machines intelligentes. Même vision avec Garry Kasparov, qui, dans son Ted talk, mentionne que les meilleures équipes aujourd’hui ne sont plus ni humaines, ni robotiques, mais composées d’un mélange d’humains et de robots. Ce sont leurs compétences conjuguées qui font la différence !
Retrouvons ici Nora Yennek, membre du Cluster innovation by Cegos, qui nous indique aussi des terrains de jeux explorés en matière d’IA :
Ce billet a été écrit par Fabienne Bouchut, chef de projet Innovation et François Debois, Head of L&D Innovation au sein de Cegos.